Langues
15 €
La langue du corps est chaude lorsqu'elle se met en chair. Chair pourtant inadmissible tant elle est admise comme cause du corps. Alors que la mélodie des courbes évoque des chants maternels, creuse des foyers d'émotions jusqu'aux élans de la chute, la substance de l'intimité se faufile entre plis et fentes, finit par avouer son irrémédiable intériorité là où quelque chose de vif nous éprouve à la source nocturne de toute origine. La révolte de l'intimité dans le vacarme d'amours fougueuses fait face à l'aurore déjà épuisée. Oui, la langue brûle lorsqu'elle se pose ainsi sur le bord du corps, le pénètre, le traverse, le déchiffre comme la matière du monde, comme notre engagement dans les mots, par eux, comme un flux inaltérable. Comme une voie pour renouveler toute une gamme d'images depuis ces rêves impossibles qui prennent à parti l'organique. Le corps ainsi animé, à jamais retenu dans des devenirs incertains, mais aussi bercé dans ses derniers refuges devient la source même du poème. Un instant du poème. Instant rugueux, exigeant, rattrapé par l'archaïque, scellé dans les contraintes de l'originel. Instant éternel.