chaque jour, l’incarnation du néant gémit à ma porte.

Daniel Corbu joue à cache-cache avec la mort, qui serait plutôt, à l’en croire, une joyeuse compagne. A l'instar de Cocteau, le poète écrit avec un talent souriant en tutoyant les ténèbres. Son détachement aristocratique nous parle avec élégance et humour de la médiocrité de l'existence. Tellement médiocre qu'elle en devient grandiose. Son écriture est musclée, charnue, Daniel Corbu sait parler au néant aussi bien qu'à ses semblables, même s'il sait que ni l'un ni les autres ne pourront le comprendre, du moins sans une lecture attentive et approfondie. Chacun de ses poèmes est si dense qu'il faut reprendre son souffle avant de lire le suivant, et cela s'explique. Il va à l'essentiel, à la question première, avec une intuition et un sens du rire qui nous apportent un précieux concours pour accepter la laideur autant que la beauté de la vie.