Des Rives humaines
13 €
être un humain pour tout papier Dans les murs de Lorient, ville qui n'a rien oublié de la guerre, il y a une poète qui clame sans déclamer que l'humanité a du talent pour s'enfoncer dans l'horreur. Delphine Évano a des mots très durs, tordus comme les ferrailles des blockhaus éventrés qui tendent leur poing rouillé au ciel tourmenté, des mots gris et caillouteux comme autant de pierres précieuses issues du béton.Ce recueil est un cri, il n'y a pas de demande/pas de supplique/pas de prièreil n'y a que l'Homme, même dans ce qu'il a de moins humain, mais au milieu de ce carnage de mots éventrés et de phrases démembrées, il y a quelque chose, le présent nu/se place au centreLa vie lucideCrinière farouche le mot de l'éditeurL’écriture de Delphine Évano est dévastée et dévastatrice. On n’est ni dans l’élégance ou dans le joli phrasé, ni dans les termes choisis ; ici, les mots hurlent leur désespoir et pleurent de toutes leurs lettres. Et les phrases… les phrases, elles rampent sur la page, se heurtent au bout de la ligne, et elles insistent en continuant de manière souterraine pour s’enfoncer vers le bas de la page, parce qu’elles n’en ont pas terminé avec cette profonde rage qui les agite et elles n’en ont pas fini de nous cracher des embruns. Un supplice pour le typographe, mais un honneur pour l’éditeur.